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5 avril 2005

Premiers pas à Kinshasa

Le bananier, l’arbre qui m’a surprise à la descente de l’avion. On n’en voit plus des aussi verts chez nous ! Il était 19 heures heure locale, soit 20 heures à Paris. L’humidité aussi m’a agrippée très fortement, au cou, au visage, partout. Bienvenue à Kinshasa me criait-elle ! Comme tous les Kinois d’ailleurs. Ce n’est pas un mythe l’Afrique, en tout cas Kinshasa, c’est bien le berceau de l’humanité. Jamais on ne s’est tant occupé de moi. Je ne peux pas me perdre ici. Les gens sont partout. Et ils ne pointent pas le nez au sol. De toute façon, le sol n’est pas bien beau à regarder ! Non, leurs nez pointent fièrement vers le soleil, leurs regards ne peuvent pas vous éviter, l’indifférence n’est plus ici, et l’on se dit bonjour à tout coin de rue sans arrière pensée ! Je ne casserai pas les clichés !

Mon QG de chaque jour: la salle de rédaction de la télévision nationale congolaise. Ici pas d'ordinateur, mais des feuilles de papier jaunies -le blanc éblouit le présentateur lorsqu'il lit son "prompteur" artisanal- assouplies par l'humidité de l'air ambiant. Sur la grande table qui traverse de part en part la salle, à un bout prend place la rédaction en français, de l'autre celle des langues nationales. Ici s'opère un vrai miracle: sans caméra, sans téléphone fixe -la ligne a été coupée depuis bien longtemps vu l'état des télécommunications dans le pays- sans fil ACP (Agence Congolaise de Presse), les journalistes produiront un journal à 7 heures, 10 heures, 13h30, 16 heures, 20 heures et 23 heures! La plupart des sujets sont commandés par les ministères qui veulent communiquer leurs activités. Moyennant billets verts (et oui, tout se monnaie, de plus il faut payer la location de la caméra). Le conducteur du journal souffre de ces contreparties financières accordées aux journalistes par les institutions. Même si le sujet est vide d'information, il doit passer. Normal, c'est devenu un produit acheté.

Pour comprendre cette pratique qui prend le nom de "coupage" dans la profession, il faut comprendre la situation dans laquelle vivent ces fonctionnaires d'Etat. Avec un salaire de plus ou moins 50 dollars par mois, comment nourrir une famille? Payer un loyer de 60 dollars? Une enveloppe de coupage peut représenter deux fois le salaire du journaliste, voire beaucoup plus. Même si cette pratique est interdite par la Haute Autorité des Médias. C'est un journalisme... bien différent que celui que l'on enseigne dans les écoles. Un journalisme de survie.

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